En présence d’Antton Rouget, journaliste d’investigation à MEDIAPART
En partenariat avec la Ligue des Droits de l’Homme, le cinéma Les Cinéastes vous propose la projection du très attendu Personne n’y comprend rien de Yannick Kergoat, suivie d’un débat en présence d’Antton Rouget, journaliste d’investigation à MEDIAPART.
Une démocratie et une dictature. Une campagne présidentielle et de l’argent noir. Une guerre et des morts. « Personne n’y comprend rien », se rassure Nicolas Sarkozy au sujet de ses liens avec le colonel Kadhafi. Alors que s’ouvre le procès de l’affaire des financements libyens, voici le film qui va enfin vous permettre de tout comprendre à l’un des scandales les plus retentissants de la Ve République.
Ce film est né de la volonté de journalistes de Mediapart (qui enquêtent depuis l’origine de l’affaire jugée à partir du 6 janvier 2025) d’expliquer cet embrouillamini de corruptions, affaires dans l’affaire, aveux et reniements, trahisons, règlements de compte, personnages politiques et espions occultes, intermédiaires véreux, valises bourrées d’argent… de telle sorte qu’à moins de s’accrocher comme ils l’ont fait, en effet « on n’y comprend plus rien » ! Un vrai sac de nœuds digne d’un mauvais roman d’espionnage !
En sortant du film, passionnant, précisément documenté par leur travail, raconté de façon vivante, on y voit un peu plus clair et surtout on est abasourdi par l’ampleur et l’extrême gravité des faits. Réaliser que ce délinquant déjà condamné a présidé notre République est effarant. Car Sarkozy apparaît en effet comme tel et l’insert de séances d’archives où on le voit parader avec Kadhafi, le dictateur libyen auquel il va déclarer la guerre quatre années plus tard et tenir des discours d’un aplomb invraisemblable est abracadabrantesque ! On ne trouve plus les superlatifs pour décrire cette plongée dans un univers à la fois si proche et si insensé.
Et comme tous les délinquants en col blanc sa stratégie est de prendre l’opinion à témoin pour attaquer l’institution judiciaire et les juges au risque assumé d’un populisme dévastateur pour l’état de droit, comme le souligne un rapprochement significatif avec l’extrait filmé d’une déclaration récente de l’extrême droite.